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Comme pour la lune ou l’iceberg, la face visible d’un différend est le conflit, la face cachée est composée de mille et un éléments, dont notamment les sentiments, les émotions et les non-dits.

Kevin et Brian sont tous deux membres d’une équipe de football de la région. Brian a débuté ce sport il y a quelques mois seulement, alors que Kevin joue depuis plusieurs années. Les deux joueurs sont des adolescents d’une quinzaine d’années.

Actuellement, l’équipe est troisième du championnat et l’entraîneur espère encore pouvoir terminer au premier rang, à la condition de gagner les deux derniers matchs de la saison.

Les deux adolescents occupent le même poste, soit celui d’avant-centre et il est compté sur eux pour marquer des buts. Etant donné qu’ils ont le même rôle sur le terrain, lorsque l’un joue l’autre est, à son plus grand désespoir, remplaçant. Malheureusement pour Brian, c’est le plus souvent voire exclusivement lui, qui use son short sur le banc des joueurs remplaçants. Il vit mal cette situation alors qu’il estime qu’il est tout aussi bon que Kevin, si ce n’est meilleur, pour faire trembler les filets du but adverse.

L’entraîneur a toutefois une préférence pour Kevin, puisqu’il le connaît depuis longtemps et qu’il est ami avec ses parents. A plusieurs reprises, Brian a fait part de cette situation à son entraîneur, toutefois sans succès. Un soir à table, le père de Brian explique qu’il a lu un article sur la médiation, laquelle permettrait de régler des difficultés à l’amiable. Brian vivant très mal sa situation de footballeur, demande à ses parents si un médiateur pourrait l’aider à retrouver le terrain. Pour les parents de Brian, il n’y a pas de petits conflits et le mal-être de leur fils les préoccupe.

Ainsi, ils décident d’appeler un médiateur, pour voir s’il est possible d’entamer une discussion avec l’entraîneur. Le médiateur propose alors de contacter l’entraîneur afin de voir si celui-ci est disposé à discuter, en sa présence, avec Brian et pourquoi pas par la suite avec Kevin aussi.

Dans un premier temps, l’entraîneur rechigne un peu à la proposition du médiateur. Toutefois, il a à cœur de préserver la bonne ambiance qui règne au sein de l’équipe. Ainsi, il donne son accord quant à une médiation, mais désire que Kevin y participe. Les parents sont contactés et souhaitent que Kevin puisse aussi s’exprimer lors d’une médiation, car ils ont constaté que leur fils est souvent épuisé lorsqu’il rentre des entraînements et des matchs. Ils ont l’impression que son sport lui prend beaucoup d’énergie.

Un rendez-vous étant pris, les joueurs, les parents et l’entraineur se rencontrent chez le médiateur. Celui-ci créant un espace de discussion et de dialogue sécurisé, chacun peut exprimer ses ressentis, ses sentiments et émotions. Kevin peut enfin dire qu’il vit mal cette situation. En effet, il supporte difficilement la pression qui est mise sur lui pour marquer des buts, afin de respecter la volonté de l’entraîneur de gagner le championnat. De plus, comme il fréquente la même école que Brian, il sent bien la tension qui existe entre eux. Cela l’attriste car il l’apprécie en tant que camarade de classe. Il peut enfin évoquer le souhait de pouvoir jouer moins, afin de ne plus être épuisé et de pouvoir aussi partager sa responsabilité de buteur avec l’un de ses coéquipiers. 

L’entraîneur n’avait pas conscience de cette problématique et peut, à travers cette médiation, l’entendre. Il indique avoir fait jouer Kevin plus régulièrement, parce qu’il le connaît bien. Toutefois, il compte respecter la volonté des deux adolescents et désormais ils pourront se partager le poste d’avant-centre et jouer alternativement un match sur deux. Brian est ravi de pouvoir jouer désormais régulièrement et de pouvoir soulager Kevin. De son côté, il a toujours beaucoup apprécié Kevin et c’est uniquement la situation liée à leur concurrence au sein de l’équipe qui rendait leur relation tendue. 

Grâce aux techniques de médiation, deux séances ont permis de régler un conflit certes mineur comme pourrait le penser des adultes, mais tellement important pour les enfants. 

Cette méthode de résolution des conflits intègre et prend en compte les sentiments et les émotions. Quant à la solution, elle a été fondée sur la volonté, les besoins et les intérêts de tous. 

La médiation permet de régler des conflits qui ne seraient pas portés devant un tribunal, notamment pour des questions de coûts. 

Régler ces petits conflits n’améliore-t-il pas le bien-être de tous ?

Article paru dans le journal Le Courrier le 25.2.21 le-courrier.ch

Auteur / autrice

  • Médiateur FSA et Avocat à Lausanne. CAS (Certificate of Advanced Studies) en médiation de l’Université de Fribourg. Brevet d’avocat en 1997. Licence en droit à l’Université de Lausanne en 1993.

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