
Les émotions peuvent altérer la vision et empêcher le bon développement d’une entreprise. Lorsqu’une start-up est créée, les associés ont parfois des craintes différentes. La médiation permet de mettre des mots sur ces sentiments.
Jean-Charles et Paul sont des amis de longue date. Tous les deux ont suivi des études techniques et ont obtenu leur Master. Ils ont réalisé conjointement leur travail de diplôme, durant lequel ils ont mis au point un procédé technique et novateur qui pourrait intéresser l’industrie.
Leurs études étant derrière eux, ils peuvent désormais entrer dans la vie active. Les deux copains se disent qu’ils devraient utiliser leurs compétences, afin de les fournir à certaines fabriques. Paul, lequel est le plus entreprenant, propose à Jean-Charles de créer une société pour proposer leurs services. Jean-Charles est plus réticent, il craint que leur start-up ne se développe pas et qu’elle fasse banqueroute. En effet, Jean-Charles a souvent entendu parler des difficultés rencontrées par ces jeunes entreprises.
Finalement, il se rallie à l’enthousiasme de son ami Paul et tous les deux créent leur firme, non sans une certaine fierté. Les débuts de l’activité sont plutôt prometteurs. Jean-Charles et Paul ne comptent pas leurs heures et comme beaucoup de chefs d’entreprise, ils s’octroient un salaire en fonction de l’argent qui rentre. S’ils ne sont pas à plaindre, les revenus sont loin d’être réguliers.
La charge de travail devenant toujours plus importante, Paul souhaite engager un collaborateur. Jean-Charles est réticent, puisque c’est lui qui s’occupe des finances, lesquelles sont plutôt précaires. Toutefois, il finit par céder devant l’insistance de son associé, qui gère les aspects techniques et commerciaux.
Depuis que Gérard, le salarié de l’entreprise, a débuté son activité, le climat s’est fortement dégradé entre les deux compères. En effet, ils doivent honorer le salaire de Gérard tous les mois et quelques difficultés de trésorerie les empêchent de retirer un revenu décent pour eux-mêmes.
La tension est telle qu’il commence à y avoir des divergences sur la stratégie à adopter pour permettre à leur start-up de se développer. Paul surveille et contrôle le travail qu’effectue son ami et inversement. Gérard reçoit des instructions contradictoires de la part de ses deux patrons. Le salarié n’en peut plus de cette situation délétère et demande à ses employeurs de trouver une solution, afin qu’ils parlent d’une même voix. Il expose à Jean-Charles et Paul qu’il a suivi une conférence sur la médiation et leur suggère vivement de s’y intéresser pour la survie de leur compagnie.
Lors des séances de médiation, Jean-Charles peut exprimer la crainte d’une faillite, ce qui serait un déshonneur. Paul est sensible aux propos de son copain et expose que pour développer une société, il faut parfois prendre des risques. Par l’intermédiaire du médiateur, les associés ont compris qu’ils étaient dirigés par la peur, pour l’un de la banqueroute et pour l’autre que la start-up ne se développe pas suffisamment. Une fois qu’ils ont pu identifier leur sentiment de peur, ils ont travaillé dans la même direction pour permettre à leur belle entreprise de devenir pérenne.
L’émotion de peur obscurcit et raccourcit la vision. Une fois qu’elle a été identifiée et exprimée tout devient plus clair et limpide. En l’occurrence, cette médiation a permis aux associés d’avoir une vision stratégique commune et pertinente.
Lausanne, le 7 mars 2023