La colère est un état affectif violent et passager, résultant d’un sentiment relatif à une agression ou un désagrément se traduisant par un vif mécontentement, lequel est accompagné de réaction brutale.
Bernard exploite une société dans la finance et les placements boursiers. Il m’a contacté afin d’entamer une médiation, car il s’est fâché avec l’un de ses collaborateurs, Jean-Robert. En effet, ce patron est entré dans une colère noire, car son employé a malencontreusement oublié de passer un ordre de bourse des plus importants. Cette erreur aurait pu entraîner des conséquences économiques des plus désagréables pour sa société, ce qui n’a finalement pas été le cas.
Un rendez-vous étant pris, je rencontre Bernard afin de discuter avec lui de ce qu’il souhaite dans le cadre d’une médiation. Ce chef d’entreprise me dit qu’il est de nature colérique et que le moindre accroc, que ce soit dans sa vie professionnelle ou personnelle, fait ressortir son caractère « soupe au lait ». En l’occurrence, il a hurlé après Jean-Robert par peur de perdre un de ses clients et par là-même de l’argent.
Bernard se rend compte qu’il a tendance à exploser et que cela provoque des souffrances tant pour ses employés que pour lui-même. Après chaque courroux, il regrette amèrement de s’être mis dans un tel état. Pourtant, il essaye de détecter sa redoutable émotion avant qu’elle ne surgisse. Mais parfois, comme il me l’indique : « trop c’est trop et je n’arrive plus à me maîtriser ».
Ce patron me dit qu’il souhaite entamer une médiation avec son collaborateur, car celui-ci lui est des plus précieux. Son travail est toujours impeccable et ses talents de trader sont indéniables. Il craint que la colère dont Jean-Robert a été victime le décide à quitter son entreprise. D’ailleurs, l’employé a indiqué clairement à son patron qu’il envisageait de chercher du travail ailleurs.
Dans le cadre de médiations, la colère est un sentiment bien connu qui agit comme une soupape qui permet aux individus d’évacuer le trop plein. Le rôle du médiateur est alors d’aider la personne à identifier ce qui se cache derrière une telle fureur. En effet, dans le cadre d’un conflit de multiples émotions liées à la colère peuvent surgir, notamment la peur, la tristesse, voire la jalousie.
Souvent, on a l’impression que la colère d’un individu est instantanée et qu’elle sort de nulle part. Mais, la plupart du temps elle est le résultat d’une accumulation de peurs et de frustrations qui ne sont pas exprimées régulièrement. Bernard prend conscience que s’il était capable d’évoquer chaque jour ce qu’il ressent, il serait vraisemblablement plus calme et moins enclin à se fâcher avec ses employés. Il a encore compris que la colère est nuisible tant pour celui qui l’exprime que pour celui qui la reçoit. De plus, au plus fort de ce sentiment des mots peuvent non seulement être blessants, mais encore provoquer des ruptures difficilement réparables.
A l’issue des séances, Bernard s’est engagé à travailler sur lui pour ne plus entrer en colère à l’encontre de ses employés. Quant à Jean-Robert, il a décidé de rester dans l’entreprise, à la condition de ne plus subir le courroux de son patron.
Dans quelques rares situations la colère peut être bénéfique, notamment s’il s’agit de poser des limites. Toutefois, la plupart du temps elle génère de grandes difficultés relationnelles qu’il est parfois difficile de rattraper.
Lausanne, le 21 octobre 2023