La Vérité et la Justice

Voilà deux vertus capitales, la vérité et la justice, dont il est essentiel de poursuivre la quête.

30.6.22

Voilà deux vertus capitales, la vérité et la justice, dont il est essentiel de poursuivre la quête, afin si ce n’est de les toucher au moins de s’en approcher.

Ces deux termes sont indissociables l’un de l’autre. Pour beaucoup de personnes, la vérité correspond à la réalité du monde et de la vie, mais aussi à la connaissance reconnue comme juste. Toutefois, ce qui est paradoxal, c’est que la vérité d’un individu ne correspond pas forcément à la vérité de l'autre. Dès lors, il faut en déduire que la vérité est propre à chacun et dépend de son histoire, de son vécu et de sa sensibilité.

Quant à la justice, qu’elle soit civile ou pénale, elle peut être définie par ce qui permet de récompenser ou de punir un évènement et par la même l’individu qui est l’auteur de cet acte. Cette justice est représentée par des tribunaux dont le fonctionnement est défini, règlementé, dans les moindres détails, par des dispositions légales.

Comme pour la vérité, la justice est certainement aussi liée à la sensibilité de chaque personne, en fonction de son parcours de vie et de sa conception du monde. Ce qui est juste pour quelqu’un peut être injuste pour une autre personne. Ainsi, la justice, comme la vérité, dépend de la perception que chacun a de la société et n’est pas absolue.

Les métiers du monde judiciaire tendent à cette quête de justice et de vérité. Avec les moyens de la police, du procureur, du juge et des experts, dans combien de dossiers, l’avocat a plaidé la vérité sans vraiment la connaître. Dans le même temps, le juge a rendu un jugement sans parfois connaître lui non plus la vérité, si ce n'est l'interprétation qu’il a pu en faire.

Toutefois, les parties au procès pensent souvent que le juge va rendre une décision qui correspond à leur vision de la justice et leur vérité. Or tel n’est pas toujours le cas et il y a parfois une différence importante entre la justice des tribunaux et le sentiment de justice de la partie au procès. En effet, certains justiciables vivent à un moment ou à un autre ce sentiment d'injustice en s’exclamant : "voilà qui n'est pas juste". Cela doit plutôt être entendu comme : « voilà que cela ne correspond pas à ma vérité et ma vision de la justice ».

Cette justice des hommes devrait-elle finalement être considérée comme une sorte « d’injustice équitable » ? Ainsi, il y a un rapport entre la justice et l’équité, bien qu’il ne s’agisse pas de la même chose. En effet, l'équitable n'est pas forcément juste comme l’entend la loi. Puisqu’une application stricte de la loi peut être inéquitable et provoquer un sentiment d’injustice. A l’inverse, il arrive que ce qui est équitable n’est pas conforme à l’application stricte de la loi, mais dans ce cas, cela ne provoque pas un sentiment d’injustice.

La médiation permet de naviguer sereinement entre la justice et la vérité en cherchant à trouver la meilleure solution pour toutes les parties. C’est-à-dire, l’idée d’égalité « juste » qui correspond à l’équité. Avec le médiateur, les parties peuvent construire le résultat qui est convenu entre elles et issu de leur volonté et ainsi ne pas dépendre de l’issue incertaine d’un jugement.

Bien que ces deux vocables, soit la justice et la vérité, puissent apparaitre comme étant antinomiques, ils sont liés l'un à l'autre comme des âmes sœurs. La médiation permet d’y ajouter l’équité, laquelle est essentielle pour nourrir le sentiment de justice.

Article paru dans le journal Le Courrier

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30.6.22

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